"Raffarin et Schroeder célèbrent l'entente franco-allemande", AFP, jeudi 26 juin 2003.
BERLIN (AFP) - Jean-Pierre Raffarin et Gerhard Schroeder ont célébré jeudi l'entente franco-allemande, mettant en avant son rôle crucial dans le compromis trouvé entre les Quinze sur la réforme de la politique agricole commune (PAC). "L'amitié franco-allemande est devenue stratégique dans la construction européenne", a souligné le Premier ministre français à Berlin, où il a coprésidé avec son homologue allemand la conférence biannuelle des ministres-présidents des Laender (Etats régionaux).
"C'est grâce à cette entente franco-allemande que, dans une période particulièrement difficile pour l'avenir des paysans de l'Europe, nous avons pu à Luxembourg dégager des perspectives et tracer des lignes importantes pour l'avenir", a-t-il déclaré en qualifiant de "bon compromis" l'accord trouvé dans la matinée.
"La mécanique de coopération franco-allemande est efficace (...) C'est par les accords franco-allemands que l'on peut trouver des solutions acceptables pour tous", s'est réjoui M. Raffarin.
De son côté, le chancelier allemand a souligné, au cours d'une conférence de presse commune, que le compromis sur la PAC défendait "les intérêts de l'agriculture européenne" et aiderait "énormément l'UE dans les négociations de l'OMC" à Cancun (Mexique) en septembre.
Plus globalement, les deux hommes ont souligné la nécessité d'approfondir le lien franco-allemand dans le cadre de la future Europe élargie à 25.
Il faut, a insisté M. Raffarin, "faire pénétrer cette amitié franco-allemande dans nos deux sociétés. Le moteur de l'Europe, qui a pris de la force politique, doit aujourd'hui prendre de la force sociétale".
"Ce serait bien de réussir la même coopération régionale qu'au niveau des deux Etats", a renchéri M. Schroeder en se félicitant d'une relation "spontanée, sans friction et sans malentendu" avec le chef du gouvernement français.
Pour Jean-Pierre Raffarin, fervent promoteur de la décentralisation, il s'agissait également de s'informer à Berlin sur le fédéralisme à l'allemande, longtemps considéré comme un modèle du genre, mais de plus en plus contesté.
"Je vais peut-être ici prendre quelques idées", a lancé le Premier ministre, qui, en recevant les 27 et 28 octobre prochains à Poitiers l'ensemble des présidents des Laender, entend établir des partenariats plus poussés entre les régions françaises et celles d'outre-Rhin.
M. Raffarin a également annoncé son intention d'organiser en 2004 en France une conférence, qui sera un rendez-vous annuel, entre l'Etat et les régions.
Le président de la ville-Etat de Hambourg (nord) Ole von Beust l'a toutefois mis en garde "contre certains aspects négatifs du fédéralisme", en soulignant que de plus en plus d'hommes politiques allemands réclamaient "une réforme urgente" du système.
"Je me garderai bien d'employer le mot de fédéralisme" en France, a répondu le Premier ministre. "Le fait régional n'est pas le même entre les deux pays. (Chez nous) la région n'est pas une nation, mais un échelon. Mais nous voulons que ces échelons aient de plus grandes responsabilités", s'est-il expliqué.
En guise de conclusion, il a estimé qu'il y avait peut-être "la voie de la juste mesure" entre l'exemple français où "nous sommes allés beaucoup trop loin dans le centralisme" et l'expérience des Allemands qui "regrettent quelquefois certains excès de leur fédéralisme".
Source: AFP, 26 juin 2003.