"Nous espérons que l’on s’orientera vers les projets de confédération franco-allemande, encore récemment à l’étude. Bien plus encore, nous espérons même que Français et Allemands ne se contenteront pas d’une révision du traité de l’Élysée de 1963, mais qu’ils iront jusqu’à réaliser ce que souhaitait le général de Gaulle en 1943, à savoir l’abolition du traité de Verdun de 842 qui avait partagé l’empire de Charlemagne, pour réunir enfin Francs de l’Ouest et Francs de l’Est."
Henri de Grossouvre
"Alternative au NON à Strasbourg", par H. de Grossouvre, Le Figaro, 15 juin 2005, "Alternative zum NEIN in Straßburg" (deutsche Bearbeitung Maren Lambrecht).
"Strasbourg, l'Union Franco-Allemande, et la relance de l'Europe politique" , par Henri de Grossouvre, Revue Défense Nationale, mars 2005.
"Des responsables français et allemands réfléchissent au projet d'une union entre les deux pays...", Associated Press, 16 novembre 2003.
Des responsables français et allemands réfléchissent au projet d'une union entre les deux pays
(Associated Press, 16 novembre 2003)
PARIS (AP) - Des responsables français et allemands réfléchissent au projet d'une union entre les deux pays qui permettrait une "mise en commun" de la politique étrangère, de la défense, de la politique économique et sociale et de l'enseignement, croit savoir "Le Monde" dans son édition datée de jeudi.
Selon le quotidien, ce projet et les déclarations qui l'alimentent visent en premier lieu à peser sur la négociation en cours sur la future Constitution européenne. En cas d'échec de l'Europe à 25, Paris et Berlin poursuivraient plus avant leur rapprochement, constituant une sorte de "noyau dur", comme cela a déjà été préconisé par le passé mais qui avait été critiqué par ceux qui estimaient que l'on irait ainsi vers une Europe à plusieurs vitesses.
"Le Monde" précise que le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a évoqué explicitement l'hypothèse d'une "union franco-allemande" lors d'une intervention devant un club de réflexion, l'association "En Temps réel", le 4 novembre dernier.
Pour Dominique de Villepin, ce processus de rapprochement est "le seul pari historique que nous ne pouvons pas perdre", rapporte le journal.
Ces propos intervenaient peu après le sommet des régions françaises et des Laender allemands, présidé fin octobre par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le chancelier Gerhard Schröder, et après le Conseil européen de Bruxelles, où M. Schröder, retenu à Berlin, a demandé au président Chirac de le représenter.
Interrogés mercredi par l'agence Associated Press (AP), l'Elysée et le Quai d'Orsay n'ont toutefois pas confirmé ce projet d'union, aux contours manifestement encore flous, préférant évoquer la très bonne entente et l'excellente coopération entre Paris et Berlin.
L'ancien député chrétien-démocrate allemand Karl Lamers est à l'origine en 1994 d'un projet de noyau dur européen comprenant l'Allemagne, la France et le Bénélux. Il estime dans un entretien au "Monde" que Français et Allemands "doivent parvenir à une sorte d'unité pour servir de modèle à cette Union européenne que Jean Monnet concevait comme une contribution à un monde meilleur".
"On pourrait commencer par l'intégration de hauts fonctionnaires ou même de très hauts responsables dans les ministères les plus importants de l'autre pays, y compris à l'Elysée ou à la chancellerie", préconise M. Lamers. A ses yeux, "la coopération franco-allemande a sa propre raison d'être et, en même temps, doit être un instrument dans le but de l'Europe". AP
"Le temps de la fusion franco-allemande est venu", Henri de Grossouvre, 21 septembre 2003.
Les signes avant coureurs de la réunion franco-allemande se multiplient : réunion des parlements lors du quarantième anniversaire du traité de l’Elysée, conseil des ministres franco-allemands, projets de double nationalité, volonté d’ouvrir des représentations diplomatiques communes, projets d’armée européenne, projet d’un EADS marine, positions communes à l’ONU… Voilà presque un an, dans les colonnes de la revue Défense Nationale, nous nous sommes prononcés en faveur de la création d’une confédération franco-allemande. Un an avant la formation de la Troïka « Paris-Berlin-Moscou » nous avions publié notre livre éponyme, révélé depuis prémonitoire. Un rapprochement franco-allemand allant jusqu’à la création d’une confédération était déjà à l’étude en 2002 entre le candidat Edmund Stoiber, donné alors gagnant par la plupart des analystes, et les équipes du président Chirac. Après la réélection de ce dernier, l’habilité et la détermination de Dominique de Villepin ont permis de relancer spectaculairement la coopération franco-allemande en panne depuis les années quatre vingt dix et d’établir un climat de confiance avec le gouvernement du chancelier Schroeder. La dernière preuve de cette confiance, passée inaperçue dans la plupart des médias européens, est l’envoi de troupes allemandes au Congo sous commandement français (mission Artemis en Ituri, de juin à fin août, mission européenne sous mandat de l'ONU) une semaine après que le chancelier ait juré qu’il n’enverrait pas un soldat allemand en Irak.
La nécessité de crééer un noyau dur européen
L’Europe est déjà impuissante à 15, comme l’a rappelé récemment le premier ministre belge Guy Verhofstad, le risque est grand de voir le poids politique naissant de l’Union se diluer totalement dans une Europe à 25. Il faut donc parallèlement créer un noyau dur européen afin d’approfondir l’intégration politique européenne. Or, comme le rappelle régulièrement Pascal Lamy, un noyau dur ne peut reposer que sur une base franco-allemande. Comme cela a été évoqué le 21 janvier 2002 par les commissaires Lamy et Verheugen, une confédération franco-allemande aurait une armée commune, des ambassades communes à l’étranger, un siège commun au conseil de sécurité de l’ONU. Cette base franco-allemande dont le poids politique et démographique serait semblable à celui de la Russie permettrait d’établir un réel partenariat stratégique entre l’Union Européenne et Moscou. Bruxelles n’est qu’un partenaire virtuel pour la Russie. Lors de la crise iraquienne, Moscou a attendu que Paris et Berlin adoptent officiellement une position commune en février 2003 avant de les rejoindre. Les pays du Bénélux appartiennent naturellement à ce noyau dur européen. La Belgique et le Luxembourg sont d’ores et déjà partie prenante des projets d’armée européenne dont l’Eurocorps sera la base. Deux grands Européens issus de cultures politiques pourtant fort différentes, ont souligné l’importance pour l’Europe de la réunion préalable franco-allemande. Le général de Gaulle, en 1943, lors d’une discussion avec Othon de Habsbourg, souhaitait l’abolition du traité de Verdun de 842 qui avait partagé l’empire de Charlemagne, « afin de réunir enfin Francs de l’Ouest et Francs de l’Est ». Le comte de Coudenove-Kalergi (1894-1972) insistait quant à lui dès 1922 et pour les mêmes raisons dans « Pan-Europe » sur la nécessité de l’unification préalable franco-allemande.
Le rôle historique et géopolitique de l’Etat franco-allemand
Depuis le Moyen Age, la qualité de la relation franco-allemande décide de la paix ou de la guerre sur le continent. Des siècles durant la France et l’Angleterre se sont opposées. Le grand ennemi des Capétiens furent les Plantagenets, puis Français et Anglais s’opposèrent durant la guerre de cent ans, et enfin durant ce que les historiens ont appelé la seconde guerre de cent ans (1689-1815). L’antagonisme franco-allemand semble en comparaison bien éphémère, il dure 75 ans, de 1870 à 1945. La France et l’Allemagne sont les deux pivots de l’Union Européenne. La France est au centre de l’Europe de l’Ouest, stable grâce à ses appuis méditerranéens et atlantiques et ses renforts des Alpes et des Pyrénées. Elle est le seul pays européen participant à la fois de l’Europe du nord et de l’Europe méditerranéenne, tout en ayant une façade atlantique. L’Allemagne est le pivot dynamique de l’Europe centrale, la voie de passage obligé entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest. La France a la fois une vocation méditerranéenne et une vocation rhénane. Les Français et les Allemands ont une partie de leur histoire commune, l’empire des Francs. Ensemble, Français et Allemands sont le passage obligé économique et politique de l’Union Européenne. Les héritiers de l’empire carolingien ont toujours été économiquement et culturellement en avance sur le reste de l’Europe. L’Europe à 6, correspond d’ailleurs exactement à cet empire carolingien, à l’exception de l’Italie du sud. L’empire carolingien symbolise l’unité européenne perdue. Comme le rappelle Igor Maksimychev, les cultures françaises et/ou allemandes sont la matrice de toute culture européenne. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le moteur franco-allemand de l’Europe n’a jamais empiété sur les intérêts des plus petits pays. La classe politique du Luxembourg et de la Belgique joue un rôle clé dans les institutions européennes. Il serait plus pertinent de se demander si l’avant-garde franco-allemande ne limite pas la marge de manœuvre des plus grands pays. Telle a été l’opinion de la Grande-Bretagne, qui a toutefois toujours rejoint les divers trains européens après quelques années d’hésitation. Aujourd’hui, alors que les élites politiques et économiques anglaises remettent en cause violemment les décisions de Tony Blair et surtout les grandes orientations stratégiques britanniques, il importe plus que jamais d’associer Londres, autant que faire se peut, aux initiatives franco-allemandes. Une défense européenne ne serait pas crédible sans l’Angleterre. Les anglais peuvent demeurer le caniche de Georges W. Bush, selon l’expression cruelle employée par la presse britannique, ou devenir le lion de l’Europe.
L’histoire s’accélère et le temps nous est compté. Si l’Europe ne veut pas rester un géant économique, mais un nain politique, il importe de créer rapidement un noyau dur sur la base d’une confédération franco-allemande. L’allemand devra devenir une langue obligatoire pour toute personne souhaitant entrer dans la fonction publique française, comme le français sera obligatoire pour la fonction publique allemande. Ce projet ambitieux conforme à l’histoire et aux intérêts de l’Europe toute entière est susceptible de mobiliser l’enthousiasme de nos populations.
Henri de Grossouvre
21 septembre 2003.
"Plädoyer für einen deutsch-französischen Bund. Zwei EU-Kommissare fordern eine Annäherung in der Etat- und Steuerpolitik und den Aufbau gemeinsamer Institutionen". Pascal Lamy & Günther Verheugen. Berliner Zeitung, 21.01.2003.
Zwei EU-Kommissare fordern eine Annäherung in der Etat- und Steuerpolitik und den Aufbau gemeinsamer Institutionen
21.01.2003
Wieder einmal stehen wir an einem Wendepunkt im europäischen Einigungsprozess. Mit der Erweiterung im Jahr 2004 umfasst die Union 25 Länder, bei ihren Anfängen vor über 50 Jahren dagegen waren es gerade einmal sechs. Damit die erweiterte Union erfolgreich arbeiten kann, muss sie sich mit der Verfassung, die der Konvent unter Vorsitz von Valéry Giscard d Estaing ausarbeitet, ein klares politisches Projekt und legitimierte Institutionen schaffen.So könnte in zwei Jahren ein mit sich selbst versöhntes und in gemeinsamen Zielvorstellungen vereintes Europa entstehen.
Ist diese Sichtweise überehrgeizig oder gar naiv? Nicht unbedingt. Mag es den Bedenkenträgern oder Skeptikern aller Couleur gefallen oder nicht, Europa hat sich immer schon schrittweise fortentwickelt. Immer schon folgten auf große Durchbrüche Stagnation oder gar Phasen mit Rückschlägen. Eines jedoch blieb konstant: die entscheidende Bedeutung der Allianz zwischen Deutschland und Frankreich. Ohne sie gerät Europa ins Stottern, mit ihr entwickelt es sich weiter.
Bekenntnis zu den Unterschieden
Hierfür gibt es einen wesentlichen Grund. Die deutsch-französische Allianz ist nicht etwa aus unseren Ähnlichkeiten geboren, sondern nährt sich gerade aus unseren Unterschieden. Auf den ersten Blick, so scheint es, trennt uns alles: unsere Geschichte mit ihren vielen Kriegen, unsere Sprachen, unsere ebenso reichen wie einzigartigen Kulturen, unsere politischen Strukturen, unsere Vorstellungen von Gesellschaft und Macht. Was uns jedoch einander annähert, ist das aus unserer historischen Erfahrung gespeiste Bewusstsein, dass die enge deutsch-französische Zusammenarbeit eine Notwendigkeit ist, um Frieden und Stabilität in Europa dauerhaft zu sichern.
Der berühmte deutsch-französische "Motor" bezieht seine Zugkraft aus der Fähigkeit, Kompromisse zu schmieden, in denen sich alle europäischen Länder wiederfinden können. Möglich ist das nur, weil es beiden Ländern durch politischen Willen und Dialog gelingt, gemeinsam über den jeweils eigenen Tellerrand hinauszublicken und so ein Verständnis für die europäische Vielfalt zu entwickeln.
Sicher hat in den letzten Jahren die Annäherung an Schwung eingebüßt. Unverständnis und Streitereien lösten Misstrauen aus. Die Franzosen fürchteten, in einer erweiterten Union an den Rand gedrängt zu werden, und die Deutschen mahnten eine gerechtere Teilung der (finanziellen) Lasten an.
Ist diese Entwicklung unvermeidlich? Muss man einfach akzeptieren, dass die deutsch-französischen Beziehungen vor sich hinkränkeln? Diese Auffassung teilen wir nicht. Ein Europa, das wächst, braucht sowohl einen besser durchtrainierten Körper - für den muss die vom Konvent ausgearbeitete neue Verfassung sorgen - als auch ein kräftigeres Herz. Dafür muss die notwendige Erneuerung der deutsch-französischen Allianz sorgen. Beide Voraussetzungen sind unabdingbar, wenn die Verwässerung des Projekts Europa vermieden werden soll. Der 40. Jahrestag des Élysée-Vertrags wird positive Initiativen auslösen, mit denen die Zusammenarbeit gestärkt werden kann. Doch das ist nicht genug. Die Zeiten für Veränderungen im Millimeterbereich sind vorbei. Wenn wir das "vereinte Europa" bauen wollen, zu dessen Verwirklichung uns schon vor 40 Jahren der Élysée-Vertrag angehalten hat, muss hier und jetzt der deutsch-französische Bund geschaffen werden.
Das bedeutet natürlich nicht, dass wir den beiden Ländern ein wie auch immer geartetes föderales Standardmodell überstülpen wollen. Ein solches existiert auch gar nicht: Alle Erfahrungen in diesem Bereich sind einzigartig, denn sie beruhen auf gemeinsam entwickelten Projekten. Verlieren wir uns also nicht in semantischen Haarspaltereien, sondern konzentrieren wir uns lieber auf das, was wir gemeinsam tun wollen.
Das erste Projekt - die Wirtschaftsunion - ist dank des europäischen Aufbauwerks bereits weit fortgeschritten. Mit groben Vereinfachungen sollten wir ein für allemal Schluss machen: Kein Franzose träumt des nachts von einer Vertiefung des Haushaltsdefizits und kein Deutscher von der Aufwertung des Euro. Vielmehr ist eine gemeinsame Stabilitätskultur inzwischen fest verankert. Machen wir es uns also zur Regel, in allen wirtschaftpolitischen Fragen zu identischen Standpunkten zu gelangen.
Konkret heißt das, dass gemeinsame Leitlinien für die Haushalts- und Steuerpolitik beider Staaten entwickelt und die Steuersysteme einander allmählich angenähert werden sollten. Das würde auch bedeuten, dass Frankreich und Deutschland in den einzelnen Formationen des EU-Ministerrates identische Standpunkte vertreten und dass sie, angefangen bei den Finanzinstitutionen wie IWF und Weltbank, nach und nach in allen internationalen Institutionen abgestimmt handeln.
Wir sind überzeugt, dass man bei der Außen- und Verteidigungspolitik ebenso vorgehen kann. In den letzten Jahren haben sich die Auffassungen unserer beiden Länder angenähert. Künftig sollten wir den Aufbau gemeinsamer deutsch-französischer Streitkräfte, gemeinsamer diplomatischer Außenvertretungen und einer gemeinsamen Interessenvertretung im Sicherheitsrat der Vereinten Nationen anstreben.
Beide Projekte wären die einzigen wirklichen "Bundeskompetenzen" des deutsch-französischen Bundes. Für sie gäbe es gemeinsame Institutionen: einen Kongress aus Vertretern beider Parlamente, wöchentliche Sitzungen der Minister, ein ständiges Sekretariat, ein Forum der Zivilgesellschaft (Gewerkschaften, Verbände, NRO) und ein Gremium für die Zusammenarbeit der Gebietskörperschaften.
Eines sollte klargestellt werden: Mit diesem neuen Bund soll keine Insel ohne Brücken zur Europäischen Union geschaffen werden. Im Gegenteil wären alle EU-Mitglieder, die sich denselben Zielen verschreiben, willkommen. So entstünde eine verstärkte Zusammenarbeit, die nicht auf einige punktuelle Aktionen oder Zufallskoalitionen baut, sondern auf ein echtes politisches Projekt.
Erweiterungskommissar Günther Verheugen
Handelskommissar Pascal Lamy
Déclaration commune franco-allemande à l'occasion du 40e anniversaire du traité de l'Elysée, Palais de l'Elysée, mercredi 22 janvier 2003. Source: Palais de l'Elysée.
Palais de l'Elysée, mercredi 22 janvier 2003
L'amitié franco-allemande au service d'une responsabilité commune pour l'Europe
1. Le Traité de l'Elysée, signé voici quarante ans entre la France et la République fédérale d'Allemagne par le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer, a scellé la réconciliation entre nos deux nations et posé les fondements d'une paix durable sur le continent.
2. La France et l'Allemagne, membres fondateurs des Communautés européennes, ont joué un rôle moteur en donnant une impulsion aux grandes avancées de la construction européenne, en particulier au cours des vingt dernières années : l'Acte unique européen, le Traité de Maastricht, l'Euro, l'espace Schengen. Tout récemment, l'Allemagne et la France ont eu à coeur de contribuer à la réussite des négociations d'adhésion de dix pays candidats conclues à Copenhague. La France et l'Allemagne sont conscientes d'exercer une responsabilité historique commune au service de l'Europe. Leur ambition est de continuer de représenter une force de proposition susceptible, sans rien imposer, d'entraîner leurs partenaires.
3. Le Traité de l'Elysée a également inauguré une ère de coopération sans précédent entre nos deux pays. Notre dialogue étroit et notre coopération dans tous les domaines favorisent des échanges de plus en plus intenses entre nos sociétés. Aujourd'hui, nous rendons hommage à tous les acteurs qui ont contribué au développement et l'approfondissement de ce dialogue, qu'il s'agisse des personnalités politiques, des collectivités territoriales, des entreprises, des associations, des établissements éducatifs, scientifiques et culturels.
4. Nous saluons également l'action de l'Office franco-allemand pour la jeunesse qui a permis à plus de sept millions de jeunes de se rencontrer, de l'Université franco-allemande, au sein de laquelle chaque année, plus de 3.000 étudiants suivent des cursus binationaux intégrés, et de la chaîne de télévision ARTE, symbole de la volonté de coopération de nos deux pays et qui vient de célébrer son dixième anniversaire. Dans le domaine militaire, nous soulignons le rôle joué par la brigade franco-allemande, à l'origine du corps européen, qui nous permet de conduire conjointement des opérations de gestion de crise. Au moment où la France et l'Allemagne décident, à l'occasion de cet anniversaire, de renforcer le lien qui les unit, ces institutions et l'ensemble des structures de la coopération franco-allemande doivent adapter leurs missions à cette nouvelle ère de rapprochement et inscrire encore davantage leurs actions dans une perspective européenne.
5. Depuis 40 ans, le contexte de la coopération franco-allemande a profondément évolué. La fin de la guerre froide et l'unification allemande ont marqué le début de la réunification de l'Europe. La conjonction de l'élargissement de l'Union européenne et de l'adoption d'une Constitution commune place nos deux pays devant des défis considérables. Dans le contexte de la mondialisation, l'acquis de 40 ans de coopération augure bien de notre capacité à assumer les tâches de la nouvelle Europe. Aussi sommes-nous déterminés à engager une nouvelle étape dans la coopération entre nos deux pays.
Exercer notre responsabilité commune en Europe
6. La France et l'Allemagne sont liées par une communauté de destin. Notre avenir commun est indissociable de celui d'une Union européenne approfondie et élargie. Aussi voulons-nous proposer à nos partenaires une vision commune de l'Europe de demain et sommes-nous déterminés à tout mettre en oeuvre pour promouvoir le renforcement de cette Union.
7. Après une histoire douloureuse, nous nous réjouissons des retrouvailles européennes scellées au Conseil européen de Copenhague et sommes résolus à faire de l'élargissement un succès, en aidant les nouveaux pays membres à s'intégrer harmonieusement au sein de l'Union européenne et à promouvoir, à nos côtés, les valeurs qui sont l'essence du projet européen. Nous préparerons ensemble les futures adhésions, notamment celles de la Bulgarie et de la Roumanie, et favoriserons la mise en place d'un partenariat privilégié avec les Etats qui sont aux frontières de l'Union, pour garantir la stabilité et la prospérité de l'Europe et de ses voisins.
8. Cette Union élargie, plus diversifiée, et donc plus complexe, doit conserver sa capacité de décision et d'action. A cette fin, nous souhaitons la réussite de la Convention sur l'avenir de l'Europe. Nous avons remis à la Convention notre contribution sur les moyens permettant à l'Union européenne de relever les défis internes et externes auxquels elle est confrontée. Nous l'appelons à établir les bases d'une Union plus forte, plus démocratique, plus lisible, plus solidaire, plus efficace, jouissant d'une plus grande crédibilité sur la scène mondiale. Nous souhaitons que les institutions de l'Union puissent être dotées d'une plus large capacité d'action, d'une légitimité et d'une stabilité plus assurées. Nous souhaitons également bâtir une véritable Union des citoyens. C'est l'une des raisons pour lesquelles la Charte des droits fondamentaux devrait être intégrée dans le texte de la Constitution, donnant toute leur force aux valeurs et aux principes qui sont le socle de notre projet européen.
9. Nous sommes déterminés à faire franchir à la politique étrangère et de sécurité commune et à la politique européenne de sécurité et de défense une nouvelle étape, afin de mettre l'Union en mesure d'assumer pleinement son rôle sur la scène internationale et de promouvoir à l'échelle mondiale la liberté, la paix et la démocratie en accord avec les valeurs qui sont les siennes. Nous proposons la création d'une Union européenne de sécurité et de défense, qui confèrera une forme concrète et une efficacité à la solidarité et la sécurité commune de ses membres et doit également contribuer au renforcement du pilier européen de l'Alliance atlantique. Pour marquer notre détermination en faveur de la poursuite en ce sens d'une évolution de la politique européenne de sécurité et de défense, nous engagerons les efforts nécessaires à l'amélioration des capacités militaires et, ce faisant, intensifierons sensiblement notre coopération bilatérale.
10.Nous nous attacherons également à promouvoir une nouvelle solidarité avec les pays du Sud afin d'assurer en particulier le développement des pays les plus pauvres, notamment dans le cadre des négociations engagées sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce.
11. Il est de notre responsabilité conjointe de développer les politiques communes de l'Union et de les adapter aux réalités nouvelles de la construction européenne car ces politiques constituent le fondement essentiel de la solidarité entre les pays de l'Union. Aussi, nous nous préparerons ensemble au grand débat qui va s'ouvrir sur les perspectives financières de l'Union et sur l'avenir des politiques communes après 2006, en ayant à l'esprit le souci de globalité qui a inspiré les conclusions du récent Conseil européen de Bruxelles (24-25 octobre 2002).
12. Nous veillerons au respect du pluralisme linguistique dans les institutions de l'Union et sommes déterminés à prendre les mesures nécessaires en faveur de l'emploi de l'allemand et du français dans les instances de l'Union européenne, par exemple en favorisant l'apprentissage des deux langues par les futurs fonctionnaires européens, en particulier ceux des nouveaux pays membres, dans le cadre de programmes de formation universitaires ou professionnels.
13. Nous souhaitons renforcer l'Europe comme espace de liberté, de sécurité et de justice afin que tous les citoyens européens vivent en sécurité sur l'ensemble du territoire de l'Union, en particulier face au développement de nouvelles menaces. L'Union européenne doit être une communauté de droit et un espace citoyen. Aussi entendons-nous favoriser la liberté de circulation dans l'Union par la suppression des titres de séjour pour les citoyens européens. Nous agirons également en faveur d'une politique européenne commune du droit d'asile et de l'immigration. Nous nous engageons aussi à mener une politique active pour l'instauration d'un parquet européen, la création d'un casier judiciaire européen, le renforcement des capacités d'Europol, et la mise en place d'une police européenne des frontières, qui permettra de lutter efficacement contre les migrations clandestines.
Rendre la France et l'Allemagne plus solidaires par une coopération plus intense
14. Pour jouer pleinement leur rôle de force d'impulsion et d'entraînement au sein de l'Union européenne, nos deux pays doivent développer leur coopération de manière exemplaire au sein de l'Union européenne. Notre objectif est que nos projets puissent servir de base aux politiques européennes. Nous prendrons donc des initiatives bilatérales permettant d'expérimenter, dans des domaines d'action prioritaires, une union plus étroite entre nos citoyens, nos sociétés et nos institutions.
Jeunesse, éducation et sport
15.La diversité des langues est une richesse pour l'Union et leur apprentissage ne peut être qu'une source d'épanouissement et un atout pour les jeunes générations. Nous souhaitons mener une action déterminée pour l'enseignement de la langue du pays partenaire et, plus généralement, nous entendons promouvoir ensemble un modèle d'éducation qui permette aux jeunes d'acquérir la maîtrise de deux langues étrangères européennes.
16. Nous déclarons le 22 janvier "journée franco-allemande". Nous souhaitons qu'à l'avenir, cette journée soit consacrée, dans toutes les institutions de nos systèmes éducatifs, à une présentation de nos relations bilatérales, à la promotion de la langue du pays partenaire, et à une action d'information sur les programmes d'échanges et de rencontres ainsi que les possibilités d'études et d'emploi dans le pays partenaire.
17. Notre objectif est d'encourager les jeunes de nos deux pays à considérer la France et l'Allemagne comme un cadre unique pour l'accomplissement de leurs études et l'exercice de leur profession. Pour faciliter les échanges d'étudiants et de jeunes en formation ainsi que la mobilité professionnelle, nous continuerons d'oeuvrer à une pleine et entière reconnaissance réciproque de nos diplômes et à favoriser la transparence et la comparabilité de nos qualifications professionnelles. Les ministres compétents identifieront les obstacles qui restent à surmonter, arrêteront, d'ici le prochain Sommet franco-allemand, un calendrier précis pour la réalisation de cet objectif et devront rendre compte régulièrement des progrès enregistrés en ce sens. Il conviendra de promouvoir le développement de l'Université franco-allemande et de la mettre en mesure d'accueillir le plus grand nombre d'étudiants possible. La France et l'Allemagne souhaitent lui donner une nouvelle dimension en proposant à leurs partenaires européens de favoriser la constitution de groupements d'établissements d'enseignement supérieur. A l'avant-garde de l'Europe universitaire, ceux-ci offriront aux étudiants un parcours académique intégré au plan européen.
18. En vue d'intensifier les échanges sportifs, nous souhaitons que soit présentée la candidature commune de la France et de l'Allemagne à l'organisation de compétitions sportives internationales. Nous appelons à la mise en place de grandes manifestations franco-allemandes, transfrontalières, sportives et populaires.
Société civile, culture et médias
19. Une coopération renforcée entre la France et l'Allemagne suppose une meilleure connaissance mutuelle de nos sociétés et de nos cultures. Afin de permettre un dialogue accru entre nos responsables politiques, économiques, syndicaux, associatifs, représentants des médias, personnalités du monde culturel, nous proposons qu'une Conférence franco-allemande les réunisse chaque année, afin de leur permettre de débattre des grandes questions qui intéressent nos deux sociétés.
20. Nous souhaitons le lancement, dès cette année, des négociations visant à l'élaboration d'une Convention internationale sur la diversité culturelle dans le cadre de l'UNESCO. Cette diversité doit trouver à s'exprimer notamment dans les secteurs audiovisuels et des nouvelles technologies de l'information et de la communication. La promotion de nos industries culturelles doit également y contribuer. Nous appelons au développement des échanges de journalistes entre nos deux pays. Nous demandons à nos ministres d'engager des projets culturels communs dans les Etats tiers, notamment en mobilisant le fonds de financement conjoint créé à cet effet par les deux ministères des affaires étrangères et de rechercher une implantation commune pour nos instituts culturels à Moscou..
21. Nous encourageons l'ouverture européenne de la chaîne culturelle ARTE, tout en conservant son identité franco-allemande, notamment en soutenant la mise en place par la chaîne d'une banque de programmes européens et l'invitons à promouvoir le rapprochement de nos sociétés. Nous soulignons l'importance de garantir la présence dans le paysage audiovisuel français et allemand d'au moins une chaîne du pays partenaire et d'encourager la réalisation et la diffusion de programmes communs par les organismes de radiodiffusion et de télévision des deux pays. Nous souhaitons que nos deux pays poursuivent la réflexion sur l'avenir de la chaîne européenne d'information Euronews.
Harmonisation du droit
22. Afin d'intensifier le rapprochement de nos sociétés et dans la perspective de nouveaux progrès à réaliser au niveau européen, nous veillerons à harmoniser nos législations nationales dans les domaines principaux qui intéressent la vie de nos citoyens. Nous appelons nos ministres, lors de la préparation des projets de loi, à consulter systématiquement leurs homologues et à mieux prendre en compte l'état et l'évolution de la législation du pays partenaire afin de rechercher toutes les convergences possibles. Nous souhaitons en particulier que soient présentés des projets visant à un rapprochement des législations sur le droit civil, notamment le droit de la famille. Nous devons ainsi permettre à nos ressortissants de bénéficier, s'ils le souhaitent, de la nationalité de nos deux pays. Nous devons également réduire et supprimer à terme les difficultés qui subsistent pour les citoyens dont la vie professionnelle, familiale et personnelle est partagée entre la France et l'Allemagne.
Droit de l'éthique
23. Nous sommes attachés à apporter des réponses communes aux problèmes éthiques soulevés par les progrès de la recherche et de la médecine. En tenant compte des réflexions menées par les Comités éthiques des deux pays, nous souhaitons présenter des projets étroitement concertés permettant l'adoption de législations comparables.
Coopération décentralisée et transfrontalière
24. Nous appelons aussi de nos voeux le renforcement de la coopération entre collectivités territoriales afin de favoriser l'émergence de nouveaux liens, notamment entre régions françaises et Laender allemands, ainsi que le développement d'une coopération et d'une intercommunalité transfrontalières. Nous soutenons la création d'un Eurodistrict Strasbourg-Kehl, bien desservi, ayant vocation à explorer de nouvelles formes de coopération et à accueillir des institutions européennes, et appelons à la mise en place d'autres Eurodistricts.
Politique étrangère
25. La France et l'Allemagne veilleront à adopter des positions communes dans les instances internationales, y compris le Conseil de Sécurité, et à définir des stratégies concertées à l'égard des pays tiers, tout particulièrement dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune.
26. Nos ministres des affaires étrangères accentueront la complémentarité entre nos réseaux diplomatiques et consulaires, notamment par le biais d'implantations et de services communs. Nous leur demandons également d'examiner la possibilité de procéder à l'ouverture d'ambassades communes franco-allemandes.
27. Les services rendus à nos citoyens dans le pays partenaire devront être améliorés par une coopération accrue, sous l'égide de nos ministères des affaires étrangères, entre les services consulaires et l'administration du pays de résidence. L'assistance mutuelle apportée à nos concitoyens résidant dans les pays tiers sera également intensifiée.
Défense
28. Dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense, la France et l'Allemagne soulignent, à cette occasion qui marque également le quinzième anniversaire de la création du Conseil franco-allemand de sécurité et de défense, la qualité et l'importance de leur coopération en matière de défense ainsi que leur volonté de la renforcer dans une perspective européenne. Cela concerne en particulier le développement des capacités militaires, y compris la mise au point de nouvelles formes de coopération, notamment par l'harmonisation de la planification des besoins militaires et la mise en commun de capacités et de ressources, contribuant à la mise en oeuvre d'une politique européenne de l'armement et à la diffusion d'une culture européenne de sécurité et de défense.
Politique économique et financière
29. Afin de renforcer la coordination de nos politiques économiques et de nos actions, tant au niveau communautaire qu'international, la France et l'Allemagne développeront, au sein du Conseil économique et financier franco-allemand créé par le Protocole de 1988, qui est la pierre angulaire de nos relations bilatérales, des positions communes sur les questions fondamentales de la politique économique et financière qui se posent à moyen et long terme, telles que celles du financement des retraites, des systèmes de santé et du marché du travail. Nous approfondirons également notre coopération en matière de politique industrielle, commerciale, d'énergie, de technologies et de transports afin de renforcer, dans le cadre européen, la compétitivité de nos économies.
30. Afin que l'Europe puisse pleinement contribuer aux débats internationaux de politique économique, financière et commerciale et disposer d'une capacité accrue d'analyse et de proposition, renforçant ainsi sa position dans ces domaines, la France et l'Allemagne décident de lancer une initiative européenne afin de créer un Centre européen d'économie internationale consacré à ces objectifs. Ce Centre, qui pourrait être localisé à Bruxelles, devrait pouvoir s'élargir progressivement à tous les partenaires européens - Etats membres, institutions communautaires et opérateurs privés.
Aide au développement
31. La France et l'Allemagne renforceront leur coordination en matière d'aide au développement, notamment dans la définition des priorités de leur politique bilatérale et leur évaluation, et s'efforceront de définir des positions communes dans les différentes enceintes internationales concernées. Elles renforceront leur coopération sur le terrain en mettant en oeuvre des projets communs ou complémentaires, visant à contribuer au développement, en priorité du continent africain, et à lutter contre des fléaux tels que la drogue et les grandes pandémies, comme le SIDA.
32. Nous appelons également à la mise en place d'un service de volontaires franco-allemands, afin de permettre à de jeunes Français et de jeunes Allemands de s'engager ensemble dans des projets de coopération en pays tiers, en particulier en direction des pays en développement
Environnement et développement durable
33. Dans un contexte où les catastrophes et en particulier les inondations posent de plus en plus fréquemment en des termes nouveaux la question de la prévention des risques naturels et la gestion des crises, la France et l'Allemagne veulent être le moteur d'une politique européenne en matière de prévention des catastrophes naturelles, en particulier des inondations. Elles demanderont à la Commission de soumettre une proposition en vue de la création d'un Centre européen de prévention et de protection contre les inondations. Le Conseil franco-allemand de l'environnement consacrera dans ses travaux une priorité à cette tâche. Les deux pays examineront la possibilité de recourir à des moyens d'intervention communs en cas de catastrophes.
34. Nous agirons en faveur d'une réelle gouvernance internationale de l'environnement, par le renforcement du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), pour viser, à terme, la création d'une Organisation mondiale de l'environnement dans le cadre des Nations Unies.
Recherche et développement technologique
35. Nous souhaitons poursuivre le développement de la coopération franco-allemande pour contribuer à la création d'un espace européen de recherche, notamment par des actions en faveur de la mobilité des chercheurs et du développement des formations doctorales au sein de l'Université franco-allemande. Nous sommes déterminés à donner un nouvel élan à notre coopération spatiale, notamment dans le domaine des lanceurs. Nous sommes favorables à ce que soit expressément insérée dans les traités la compétence de l'Union européenne dans le domaine spatial. Etant donné les derniers développements connus par cette technique, nous nous prononçons à nouveau fermement contre le clonage d'êtres humains, dans le droit fil de l'initiative franco-allemande prise dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies. Nous favoriserons la coopération entre les établissements de recherche français et allemands pour leur permettre de s'engager encore plus efficacement, ensemble, dans la lutte contre le cancer.
Renforcer nos procédures de concertation bilatérale
36. Les Sommets franco-allemands prendront la forme d'un Conseil des ministres franco-allemand. Il sera préparé par les ministres des affaires étrangères. Le Conseil des ministres assurera la coordination de la coopération franco-allemande au plus haut niveau ainsi que le suivi de sa mise en oeuvre dans les domaines d'action prioritaire. Des Conseils des ministres restreints pourront être réunis pour traiter de sujets spécifiques.
37. Le Comité et le Conseil franco-allemand de sécurité et de défense se tiendront à l'occasion du Conseil des ministres franco-allemand.
38. Si un sujet de l'ordre du jour s'y prête, le ministre concerné du pays partenaire assistera au Conseil des ministres de l'autre partie et sera invité à présenter des projets de législation commune franco-allemande.
39. Les ministres de nos deux pays devront se rencontrer également, en sus des Conseils de l'Union européenne, de manière plus systématique et plus fréquente, tout particulièrement pour préparer l'ordre du jour du Conseil des ministres franco-allemand.
40. Le rythme des rencontres de haut niveau entre le Président et le Chancelier, en présence des deux ministres des affaires étrangères, sera maintenu et pourra être intensifié, en tant que besoin.
41. Un Secrétaire général pour la coopération franco-allemande sera institué dans chaque pays. Personnalité de haut niveau, il sera rattaché personnellement au Chancelier et au Premier ministre et disposera d'une structure appropriée au ministère des Affaires étrangères. Il coordonnera la préparation, la mise en oeuvre, le suivi des décisions des instances politiques de concertation et le rapprochement de nos deux pays dans les instances européennes. Il sera assisté d'un adjoint du pays partenaire.
Le Secrétaire général pour la coopération franco-allemande participera au Conseil des ministres franco-allemand. Il présidera la Commission interministérielle pour la coopération entre les deux pays.
42. Afin d'améliorer la connaissance réciproque des pratiques administratives et l'efficacité de notre travail en commun au sein des administrations publiques de nos deux pays, nous demandons à nos ministres de généraliser l'affectation de fonctionnaires auprès du pays partenaire, au niveau national comme au niveau local, de rendre systématiques les contacts entre responsables des mêmes dossiers dans les deux Etats, d'accroître les échanges d'information, d'améliorer la connaissance de la langue du partenaire et de mettre en place des formations conjointes, particulièrement pour l'encadrement. Nous les invitons également à intégrer dans leur équipe, au sein de leur cabinet, un ressortissant du pays partenaire. Nous invitons également les collectivités territoriales à mettre en place de tels échanges.
43. La mise en oeuvre de la présente déclaration relève de la responsabilité conjointe des ministères des deux pays dans leurs domaines de compétence respectifs. Ceux-ci soumettront, lors du Sommet suivant ce 40ème anniversaire, un programme conjoint de coopération. Il sera ensuite procédé, lors de chaque Conseil des ministres franco-allemand, à l'évaluation de la mise en oeuvre des programmes de coopération et à l'actualisation de leurs priorités.
Le président de la république française, Jacques Chirac.
Le chancelier de la république fédérale d'Allemagne, Gerhard Schroeder.
Zum 40. Jahrestag der Unterzeichnung des Elysée-Vertrages (22. Januar 1963), Dr. Sylvia-Yvonne Kaufmann, PDS-Europaabgeordnete , Mitglied des Europäischen Konvents.
"Pour une Union franco-allemande- Pour l'Europe unifiée",
Von Sylvia-Yvonne Kaumann
Zum 40. Jahrestag der Unterzeichnung des Elysée-Vertrages (22. Januar 1963) erklärt die PDS-Europaabgeordnete Dr. Sylvia-Yvonne Kaufmann, Mitglied des Europäischen Konvents:
Nach zwei Weltkriegen im letzten Jahrhundert, die von Deutschland ausgingen, war der Abschluss des Elysée-Vertrages ein Meilenstein auf dem Weg zu einer deutsch-französischen Aussöhnung und zu einem geeinten, friedlichen Europa.
Ohne die Beendigung der deutsch-französischen "Erbfeindschaft" wäre der Aufbau eines europäischen Friedensprojekts von Anfang an zum Scheitern verurteilt gewesen. An einer Vertiefung der deutsch-französischen Beziehungen zu arbeiten bleibt deshalb auch der Auftrag künftiger Generationen. Aufkeimendem Nationalismus und Kriegsgefahr lassen sich aber nur begegnen, wenn wir in unseren Bemühungen ein Vereintes Europa zu schaffen nicht nachlassen.
Eine verstärkte deutsch-französische Integration kann das Herzstück eines vereinigten Europas bilden. Deshalb unterstütze ich die Vorschläge für gemeinsame deutsch-französische Kabinettssitzungen und die Einführung einer doppelten deutsch-französischen Staatsbürgerschaft. Beachtet werden muß jedoch, daß derlei Initiativen nicht zur Ausgrenzung anderer Mitgliedstaaten der Europäischen Union führen. Ein Kerneuropa würde das Ziel der Schaffung eines vereinten friedlichen und solidarischen Europas konterkarieren. Dies muss bei der notwendigen Vertiefung der deutsch-französischen Allianz mit bedacht werden.
Die jüngsten Erklärungen von Staatspräsident Chirac und Bundeskanzler Schröder, wie auch der EU-Kommissare Pascal Lamy und Günter Verheugen, verstehe ich in diesem Sinne als Auftrag an den Europäischen Konvent, mutige Schritte für eine Verfassung eines Vereinten Europas zu ergreifen - eines Europas der Freiheit, Gleichheit und der Solidarität.
Brüssel, den 21. Januar 2003
Deutsch-französsische Konföderation ? Die Kommissare Pascal Lamy und Günther Verheugen im Gespräch Gemeinsame Veranstaltung von SPD und PS am 21 Januar 2002 im Goethe Institut. Quelle: Europa, die Europäische Union Online.
Deutsch-französsische Konföderation ?
Die Kommissare Pascal Lamy und Günther Verheugen im Gespräch Gemeinsame Veranstaltung von SPD und PS am 21 Januar 2002 im Goethe Institut.
Auf einer Podiumsdiskussion mit Kommissar Verheugen fordert Lamy die Brüsseler Ortsvereine der PS und der SPD auf, ein gemeinsames Diskussionspapier über die Bildung einer deutsch-französischen Konföderation zu erstellen. Damit könnten sie die parteiinterne Diskussion der Sozialisten/Sozialdemokraten in beiden Ländern anstossen und einen Beitrag zum europäischen Integrationsprozeß leisten.
In Zusammenarbeit mit dem Goethe Institut hatten die Brüsseler Ortsvereine der PS und der SPD die beiden Kommissare zu einem Gespräch über aktuelle Themen der Europäischen Integration geladen. Beide waren sich weitgehend darin einig, daß die deutsch-französischen Zusammenarbeit auch in Zukunft die Schlüsselrolle für eine weitere Integration in Europa spielen wird. Verheugen begründete dies vorallem historisch. Über Jahrhunderte war Krieg und Frieden in Europa aufs engste verknüpft mit dem Verhältnis dieser beiden Staaten. Die deutsch-französische Zusammenarbeit bleibt auch in Zukunft die entscheidende Stabilitätsachse der EU. Die Qualität der deutsch-französischen Beziehungen ist eine andere als die der beiden Staaten mit anderen Nachbarn. Es ist dabei wichtig, daß eine Balance zwischen beiden Staaten bestehen bleibt. Die "Geschäftsgrundlage" für diese Balance ist die Gleichrangigkeit beider Staaten. Verheugen erteilte in diesem Zusammenhang deutschen Forderungen nach mehr Stimmen im Rat aufgrund des höheren deutschen Bruttosozialproduktes oder der größeren Bevölkerungszahl eine klare Absage.
Lamy teilte die Auffassung Verheugens, daß die deutsch-französischen Zusammenarbeit auch weiterhin die zentrale Rolle im Integrationsprozeß spielen wird. Aus seiner Sicht ist es dabei sogar von Vorteil, daß beide Staaten zum Teil sehr unterschiedliche Positionen vertreten. Deutschland wolle häufig weitere Integration der Institutionen und weniger Integration von Politikbereichen (auch aufgrund seiner föderalen Struktur). Frankreich hingegen würde umgekehrt mehr Gewicht auf verstärkte Integration der Politiken legen ohne aber bereit zu sein, weitere Kompetenzen an die europäischen Institutionen abzutreten. Diese unterschiedlichen Positionen bewirken aber, dass ein Kompromiß zwischen diesen beiden EU Mitgliedsstaaten häufig auch für die anderen Mitglieder tragbar wird. Lamy machte auch deutlich, dass weitere Integrationsschritte gerade für die französischen Sozialisten schwierig seien. Um die reformfreudige Position innerhalb seiner Partei weiter voranzubringen, hat er daher genau am Tage dieser Veranstaltung in Zusammenarbeit mit Jean Pisani-Ferry ein detailliertes Thesenpapier veröffentlicht.
Am Schluß seines Diskussionsbeitrages forderte Lamy die beiden Ortsvereine auf, einen konkreten Beitrag zur Diskussion der weiteren europäischen Diskussion zu leisten und einen Plan für eine deutsch-französische Konföderation auszuarbeiten. Ein solcher "harter Kern" der EU dürfe natürlich niemals exklusiv bleiben. Es müsse die Möglichkeit für andere EU Mitgliedsländer bestehen, dieser Konföderation beizutreten. Auf skeptische Rückfragen von Verheugen, wurde Lamy explizit und stellte fest, dass eine solche Konföderation zum Beispiel eine gemeinsame Armee, gemeinsame Botschaften im Ausland und einen gemeinsamen Sitz im Sicherheitsrat der UN haben könnte.
Die Diskussion um Beiträge der regionalen Parteiorganisationen wurde von Verheugen um den Vorschlag eines bilateralen Personalaustausches bereichert. Werner Wobbe, griff die Anregungen auf und regte jährliche deutsch/französische Treffen an, die sich mit Organisations- und Politikthemen der jeweiligen Parteien beschäftigen sollten. In seinem Schlußwort schlug der Vorsitzende der PS Jean Guegan vor, dass beide Ortsvereine zu dem Thema eine Arbeitsgruppe bilden sollten (Interessenten an einer solchen Arbeitsgruppe melden sich bitte bei
Werner.Wobbe@cec.eu.int).
In der anschließenden Diskussion erteilten beide Kommissare einem möglichen englischen Vorschlag, zwischen Frankreich, Deutschland und England eine Art Triumvirat zu bilden, eine Absage. Laut Presseberichten solle dies sich am Modell des UN Sicherheitsrates orientieren, wobei diese Staaten ständiges und andere Mitgliedsländer abwechselnd Stimmrecht hätten. Laut Verheugen führe dies zu einem "orientalischen Basar", bei dem ein intergovermentaler Entscheidungsprozess dominiert, der jede Vision weitergehender Integration eliminiere.
Verheugen forderte weiterhin, dass ein möglicher künftiger Verfassungsvertrag das Ergebnis haben müsse, dass die EU sich ähnlich demokratisch organisiert, wie dies auch schon die Mitgliedsstaaten getan haben. Dies erfordert eine Verlagerung der gesetzgeberischen Funktionen des Rates zum Parlament, wobei dort die Mitgliedsstaaten z.B. nach einem Senatsmodell repräsentiert werden müssten. Auch wenn dies in Nizza anders beschlossen worden sei, würde er weiterhin eine Verkleinerung der Kommission beführworten. Einer Direktwahl des Kommissionspräsidenten ist er jedoch eher skeptisch gegenüber eingestellt. Dies würde zunächst eine Umstrukturierung des Europäischen Parlamentes erforderlich machen, um sicher zu stellen, dass Entscheidungen im Parlament sich nicht mehr am nationalen parteipolitischen Kalkül orientieren. Etwas unterschiedlicher Auffassung waren die Kommissare in der Frage, welche Rolle die Beitrittsländer bei einer Entscheidung über Vorschläge des Verfassungskonventes haben sollten. Verheugen fordert Stimmrecht für die Kandidaten, auch wenn eine solche Entscheidung vor ihrem Beitritt erfolgt. Man könne nicht kurz vor ihrem Beitritt die Spielregeln ändern, ohne dass diese daran mitwirken. Lamy dagegen war vorsichtiger. Er forderte nur eine aktive Teilnahme dieser Länder am Prozess, liess jedoch die Frage des Stimmrechtes offen.
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Oliver Stehmann, 21.01.2002
Pour l'Union franco-allemande, tout de suite, par le professeur Michel Korinman, Le Monde, vendredi 3 février 1995. Cet article nous a aimablement été communiqué par l'auteur.
Pour l'union franco-allemande, tout de suite
Par Michel Korinman*
Le Monde, vendredi 3 février 1995
Nous vivons une bien drôle d'époque. Jacques Delors, au moment de déclarer forfait à l'élection présidentielle, souligne les contradictions et même la vacuité, au plan politique, du traité de Maastricht. Il fait par là écho aux leaders chrétiens-démocrates allemands Karl Lamers et Wolfgang Schäuble pour qui le processus de construction européenne est entré dans une phase "critique". Au fond, tout le monde est d'accord: l'idée européenne sans projet autre que bureaucratique court à l'échec.
Mais avec qui élaborer aujourd'hui, d'un point de vue français, et non vaguement européiste, soit dans notre intérêt? L'Italie, après une deuxième République liquidée e quelques mois, s'engage dans une sorte de latino-américanisation. La classe politique au pouvoir en Grande-Bretagne se complaît pour une bonne part dans un rôle de Little America. Sans parler des derniers sondages effectués en Grèce qui confirment dans ce pays, membre de l'Union Européenne, une violente montée du nationalisme xénophobe. Demeure, et demeure seule, comme partenaire encore stable de la France, l'Allemagne.
Or, notre rapport à ce pays a très longtemps reposé sur l'utopie gaullienne, consacrée en 1963 par le traité de l'Elysée, celle d'une Europe française où les Allemands nous tiendrait lieu, en dépit de leur croissance économique, de junior partner. Cette représentation géopolitique vola en éclats avec l'unification des deux Allemagnes que notre classe politique n'avait pas souhaitée et dont nous aurions voulu, à tout le moins, contrôler l'avènement.
Il faut dire, à la décharge de nos décideurs que le lobby franco-allemand, champion en France d'une Allemagne décrétée angélique, ne les avait pas préparés à l'événement. Quoi qu'il en soit, il y a maintenant une Allemagne, avec ses intérêts nationaux, que nous ne pouvons plus appréhender dans l'hypnose et la myopie.
La vraie question historique curieusement noyée dans le débat , justifié, sur Vichy, reste de savoir si nous voulons, l'Europe est à ce prix, nous marier avec ceux qui nous infligèrent la terrible défaite de 1940, dès lors qu'ils sont redevnus une puissance, l'union se consommant cette fois réellement, et à égalité.
Première occasion en date, les Réflexions pour une politique européenne du groupe parlementaire CDU-CSU, début septembre 1994, d'ailleurs maladroitement enterrés à Bonn et à Paris. C'est très dommage, car ce texte, peut être déplaisant parce que rude, comportait un certain nombre points essentiels. D'abord une thèse cohérente: la nécessité de fonder l'Europe sur une môle géopolitique capable et désireux de dépasser les géométries variables et les accomodements monétaristes.
Ensuite une interrogation lourde, les Français sont ils prêts à abandonner des pans de leur souveraineté nationale au bénéfice d'une entité plus vaste où les nations ne seraient plus que "coquilles vides"?
Enfin un constat juste: l'Allemagne, concernée au premier chef par d'éventuels phénomènes d'instabilité à l'Est, a en matière d'Europe des impératifs spécifiques de sécurité.
Voilà qui méritait des arguments plus forts que le "géométrisme" des cercles concentriques. Et peu importe, en l'occurrence, que les leaders chrétiens-démocrates aient inclus dans leur "noyau" le Bénélux (consulté?). Nombre d'observateurs français ont relevé l'étonnant mutisme de leur texte quant à l'organisation de ce nouvel ensemble et quant à son articulation aux structures déjà existantes; ils ont remarqué une contradiction entre le document CDU-CSU et les convictions vigoureusement nationales du corédacteur Wolfgang Schäuble (président du groupe parlementaire); ils ont noté l'évocation, chez les chrétiens-démocrates, d'une autre géopolitique allemande à l'Est, conforme à la tradition du pays, en cas de refus.
Ces propositions allemandes ne résulteraient-elles pas en définitive, d'arrières pensées machiavéliques? L'Europe allemande, avec la France, désormais, pour junior partner?
Précisément, une réponse, une contre-proposition hardie mais courageuse, inédite, révolutionnaire, eût permis et permettrait de lever toutes les ambiguïtés: l'Union franco-allemande, c'est à dire une combinaison organisée dans un cadre politico-territorial où chacune des deux parties préserverait son identité culturelle.
Voilà non pas la fin de l'histoire, mais celle d'une histoire dramatique. Césure, pour le coup, dont la portée symbolique serait incalculable. Pour beaucoup d'Allemands préocuppés par la résurgence dans leur pays, un demi-siècle après la guerre, du nationalisme, l'union signifierait le retour historique, avec nous, à la normalité. Et bien des Français, même parmi ceux qui demeurent le plus attachés aux valeurs de la République, voudront s'associer à cette définitive résolution de la question allemande. Et puis l'union, ce serait l'ouverture par intérêt commun et dans l'action commune du chantier de la reconstruction à l'Est, voire un jour au Sud, sans que nos voisins polonais ou tchèques, avides de capitaux, mais hostiles à une nouvelle hégémonie de l'Allemagne en Europe centrale et orientale, aient sujet de s'en inquiéter.
Pour finir: l'aménagement complexe de l'Union franco-allemande dans les domaines constitutionnel, militaire, linguistique, servira de modèle géopolitique à ceux qui voudront et pourront suivre plus tard la France et l'Allemagne sur ce terrain.
Dans tous les cas de figure, l'Europe passe dorénavant par là. Toute autre conception mène à l'Europe des nations, donc à la perennisation des rapports de force (Yougoslavie) , c'est à dire, excepté le marché, à pas d'Europe du tout. Trêve de trop vage "couple"! Il convient que nous disions aujourd'hui aux allemands ce que nous voulons, sinon il faudra un jour construire le mur de Strasbourg.
Michel Korinman, Professeur à l'Université Paris X Nanterre, et codirecteur de "Limes", revue de géopolitique (Rome-Paris). Ce texte nous a aimablement été envoyé par l'auteur.
Le Monde, vendredi 3 février 1995.
"Die gallo-germanische Repubik als offenes Gefäss für ein neues Europa..."